Compte rendu de la journée nationale d’échange IQSols : la perspective des sols en ville

Bericht nationale Tagung Bodenindexpunkte - Teilnehmersicht.

Carte blanche à Maëlle Proust, étudiante de Master en Développement Territorial et architecte-paysagiste, qui revient sur la Journée nationale d’échange IQSols du 23 mai 2023. Dans le cadre de son mémoire, elle travaille actuellement à l’intégration des sols dans la planification des villes. Que retient-elle de la journée ? Comment donner une voix aux sols ? L’architecte paysagiste nous livre son point de vue.

Force est de constater qu’encore aujourd’hui les sols en suisse continuent de disparaître. Soumis aux pressions anthropiques induites par les politiques publiques de densification des villes vers l’intérieur, ils subissent les faits de l’urbanisation entrainant, entre autres, leur imperméabilisation. Ces pressions impactent directement les services écosystémiques liés aux sols et très souvent de manière irrémédiable.

Si nous voulons assurer un avenir viable dans des villes qui font face aux nombreux enjeux actuels et à venir, alors le sol doit devenir un acteur majeur dans l’aménagement du territoire.

La politique fédérale a émis la volonté d’encadrer la gestion des sols de manière pérenne à travers la Stratégie Sol Suisse éditée en 2020. Cette stratégie a impulsé la nécessité de considérer la qualité des sols en milieu urbain dans l’aménagement du territoire afin de lutter contre leur raréfaction et de compenser ces pertes au besoin. Elle a également initié le développement d’instruments de mesures et de cartographies, aidant à la compréhension de la qualité des sols, afin de mieux les inclure dans la pesée d‘intérêts lors des décisions de planification et d’aménagement.

Le besoin d’outils concrets

Avec l’aide de la fondation sanu durabilitas, qui œuvre pour le développement durable et, entre autres, la gestion mesurée des sols ; des communes se sont associées à des hautes écoles afin de développer des outils de mesures dans le but de limiter l’impact sur les sols en milieu urbain, trop souvent altérés.

Pour la région de Morges, les outils prennent la forme d’un Indice de qualité des sols (cartes indicatives des fonctions des sols avec gradient de valeurs qualitatives). Ils permettent de réaliser une pré-évaluation des fonctions d’un sol et donc de sa qualité à partir d’un croisement de données cartographiques existantes. Ces informations peuvent être, lors de phase d’étude d’impact d’un projet par exemple, précisées et augmentées par des relevées ciblées sur le terrain.

Rückblick auf den nationalen BodenQI-Tagung. Rede von Guillaume Raymondon, Vertreter der Region Morges.
Nationale_Tagung_BodenQI_IQsols_Moderator_Guillaume_Raymondon

Le développement d’outils de cartographies dynamiques et enrichies par un aller-retour avec le terrain, assure une valorisation du sol existant, à moindre coût, et rend accessible les données sur les sols aux acteurs politiques sur le territoire.

Ces outils offrent également l’opportunité d’augmenter les données pédologiques, actuellement peu développées au cœur des villes, pour assurer une utilisation mesurée de ce sol de plus en plus précieux. Cette première journée nationale d’échanges sur les IQSols à Bienne amorce un changement de paradigme nécessaire sur les sols en les considérant comme une ressource non renouvelable.

Pour aller plus loin et sortir de la représentation en 2D que nous avons du sol dans l’aménagement du territoire, il faudrait le considérer au regard du paysage de surface, mais aussi des profondeurs.

En effet, comme le souligne Gilles Gallinet dans le livre Sols vivants ; Socle de la nature en ville « le paysage n’est que le reflet de son sol ». Or un paysage vivant, ouvert et non construit est (a priori) gage d’un milieu vivant. Si nous souhaitons maintenir un cadre de vie de qualité, assurer la sécurité alimentaire et mieux faire face aux changements climatiques alors la préservation en milieu urbain de cette « ressource cachée » (comme l’appelait Paola Vigano lors d’une conférence à la Fondation Braillard en 2020) est nécessaire. Travailler avec ce postulat introduit la nécessité de faire correspondre la planification du territoire à une vision de l’urbanisme plus vertueuse des sols.

Das Pilotprojekt BodenQI mobilisiert Kanton, Gemeinden und Wissenschaftler beim zweiten Workshop des Projekts.

Une vision pour les sols en ville

Associer ces outils cartographiques d’IQSols dans les processus d’aménagement et les appliquer aux stratégies de végétalisation mises en place lors du renouvellement des planifications directrices à toutes les échelles du territoire, permettrait de répondre aux enjeux auxquels sont confrontées les villes aujourd’hui : lutte contre les îlots de chaleurs, maintien des corridors biologiques, augmentation de la canopée, gestion et infiltration des eaux de surfaces, etc.

Le sol est la source de paysage vivant qu’il nous faut connaître pour le préserver !

texte: Maëlle Proust, Etudiante en master développement territorial orientation architecture du paysage HES-SO/UNIGE et architecte paysagiste

Publié le : 19 juin 2023

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